- dogmatiser
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• 1293 ; lat. ecclés. dogmatizare1 ♦ Relig. Traiter du dogme, de la doctrine.2 ♦ Fig. et didact. Exprimer son opinion d'une manière absolue, sentencieuse, tranchante. Pédant qui dogmatise sur tout. — N. m. DOGMATISEUR , 1586 .⇒DOGMATISER, verbe.A.— Emploi trans., rare. Ériger un dogme, en principe absolu. La moralité des vertus, dogmatisée par la philosophie grecque, que la morale impérative du devoir (Traité sociol., 1968, p. 152).B.— Emploi intrans.1. Établir, formuler des dogmes.a) [Correspond à dogme A] :• 1. À l'époque où Luther commença de dogmatiser, il existait depuis quinze siècles une Église ou société religieuse, gouvernée, sous l'autorité d'un chef suprême par un corps de pasteurs...LAMENNAIS, Indifférence, t. 2, 1817-23, p. 141.b) [Correspond à dogme B] :• 2. C'est-à-dire que par amour du vrai, tu t'abstiens de dogmatiser; que tu suspends ton jugement définitif, et que tu fais de toute question une question ouverte. Un sceptique, tolérant par désillusion et par bonté, telle serait donc ma formule actuelle.AMIEL, Journal intime, 1866, p. 518.2. P. ext., péj. Énoncer des affirmations d'une manière tranchante, autoritaire. Robert de Montesquiou. Un cuistre, quoi qu'il en semble, qui cherche toujours des formules pour tout, qui professe, qui dogmatise; un esprit si aride, nulle souplesse (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1911-12, p. 362).Prononc. et Orth. :[
], (je) dogmatise [
]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1294 domatiser « formuler comme un dogme » (Mir. St Eloi, éd. M. Peigné-Delacourt, p. 60 b); 2. 1718 « énoncer d'une manière absolue » (Ac.). Empr. au b. lat. dogmatizare « établir un dogme » spéc. en lat. chrét. « enseigner une croyance religieuse », gr.
« soutenir une opinion » dér. de dogma,
(dogme). Fréq. abs. littér. :29.
DÉR. 1. Dogmatisation. Action de dogmatiser. La délimitation du droit comme fait social doit éviter toute prise de position philosophique et toute dogmatisation d'une situation particulière du droit (Traité sociol., 1968, p. 188). — 1re attest. 1430 dogmatization (Janv., Lett. du roy Henry, roy de France et d'Anglet., à l'évêque de Beauvais, ap. Quicherat, Procès de Jeanne d'Arc, I, 18 ds GDF. Compl.) attest. isolée; à nouv. 1870 (Lar. 19e); du rad. de dogmatiser, suff. -(a)tion. — Fréq. abs. littér. : 1. 2. Dogmatiseur, euse, subst., rare et péj. Personne qui prétend établir des dogmes. Il est certain que votre esprit vous perd. Vous êtes une dogmatiseuse, une théologienne et une philosophe (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 170). — 1re attest. 1586 (Archives municipales de Bayonne, Registres français, 2, 329 ds R. Ling. rom., t. 20, p. 80); du rad. de dogmatiser, suff. -eur2. — Fréq. abs. littér. : 2.dogmatiser [dɔgmatize] v.ÉTYM. 1294; lat. ecclés. dogmatizare, de dogma. → Dogme.❖———I V. intr.1 Relig. Traiter du dogme, de la doctrine.1 (…) le plaisir de dogmatiser, sans être repris ni contraint par aucune autorité ecclésiastique ni séculière, était le charme qui possédait les esprits.Bossuet, Oraison funèbre de la reine d'Angleterre.2 (1718). Fig. et didact. Exprimer son opinion d'une manière absolue, sentencieuse, tranchante. || Ce pédant dogmatise sur tout.———II V. tr. Rare. Ériger en dogme. || Dogmatiser un principe.2 Il faut dogmatiser la foi des fidèles, il faut qu'ils sachent ce qu'ils croient, il faut qu'ils comprennent.J. Green, Journal, 13 avr. 1962, Vers l'invisible, p. 314.❖DÉR. Dogmatiseur, dogmatisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.